Au Japon, le secteur des énergies renouvelables se diversifie avec la biomasse

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Au Japon, le secteur des énergies renouvelables se diversifie avec la biomasse

Publié le 17 août 2018 - Mis à jour le 4 mai 2024

16 Août 2018 | Emma-Louise SCAPPATICCI | France Diplomatie

Le secteur japonais des énergies renouvelables est dominé par le solaire et l’éolien. Cependant, depuis quelques années, de nouvelles voies de production d’énergie propres sont explorées pour faire face à la demande croissante, comme l’illustre le lancement en 2014 de l’initiative Re100, à laquelle plusieurs entreprises japonaises majeures participent.

État des lieux du paysage énergétique japonais

Des suites de l’accident de Fukushima Daiichi en 2011, le paysage énergétique nippon connaît aujourd’hui encore des pressions exacerbées.

L’arrêt de l’ensemble du parc nucléaire s’en étant ensuivi avait impliqué une chute du taux d’autosuffisance énergétique du pays, de 20,2 % en 2010 à 6,4 % (au plus bas) en 2014, pour ne se relever qu’à 8,3 % en 2016. Combiné à une absence d’interconnexions électriques avec le continent, les besoins énergétiques immédiats du Japon avaient ainsi été comblés par des importations accrues de carburants fossiles, conduisant le pays à une dépendance extrême aux fournisseurs étrangers sur ces produits. En 2016, les taux de dépendance de l’archipel aux importations, en particulier, de pétrole brut en provenance du Moyen-Orient et de charbon en provenance d’Australie s’élevaient respectivement à 86,4 % et 75,5 %. Ce recours massif aux fossiles avait par ailleurs eu pour effet d’accroître les émissions de gaz à effet de serre du secteur énergétique au Japon ; malgré l’enclenchement d’une baisse depuis 2013, ces émissions restaient supérieures en 2016 à leur niveau de 2010 (1 307 million tCO2 contre 1 303 million tCO2).

D’autres difficultés ont découlé directement ou non de cet accident, notamment le fait que les coûts de l’électricité nippons soient nettement dans la fourchette haute par rapport aux autres pays de l’OCDE. Entre 2010 et 2014, les prix de l’électricité avaient cru de 25 % pour les ménages et de 38 % pour les entreprises nippons. S’ils décroissent depuis 2014 du fait de la baisse du prix du pétrole, ils demeuraient, en 2016, supérieurs à leur niveau de 2010 – de 10 % pour les ménages et de 14 % pour les entreprises.

En 2016, le paysage énergétique primaire nippon restait donc marqué par l’accident, et son mix était composé à 89 % de fossiles (40 % de pétrole, 25 % de charbon et 24 % de gaz), 10 % de renouvelables et 1 % de nucléaire.

Développer l’énergie issue de la biomasse

Le fournisseur électrique tokyoïte eREX prévoit la construction de la plus importante centrale à biomasse du pays et de la mettre en service d’ici 2024 ou 2025. Le coût estimé est de 90 milliards de yens (812 millions de dollars environ) et la capacité de la structure s’élèverait à 300 mégawatts, ce qui couvrirait les besoins annuels en électricité de 700 000 foyers.

EREX prévoit également de vendre l’électricité produite à un tarif comparable à celui de l’énergie issue des centrales à charbon, la moins chère à un prix de 12 yens par kilowatt/heure. Cela représenterait une économie significative comparé au prix usuel des énergies renouvelables au Japon qui, selon le tarif fixé par le gouvernement, sont revendues à hauteur de 21 yens par kilowatt/heure.

La East Japan Railway Company et l’entreprise JFE Engineering Corporation se sont associées pour développer l’initiative « J Bio Fuel Recycle », lancée en 2016. Dans le cadre de cette collaboration, les déchets alimentaires des stations de JR East et des commerces avoisinants sont récupérés et envoyés vers une centrale de recyclage à Yokohama. A la centrale, les déchets alimentaires sont d’abord débarrassés de leurs emballages puis mis à fermenter dans des cuves. Le mélange de gaz (méthane, dioxyde de carbone, eau…) qui se dégage lors de ce processus est utilisé pour alimenter des générateurs électriques.

Selon un retour d’expérience, 50 tonnes de déchets alimentaires ont été récupérés par jour en 2017 et le gaz généré sur l’année permettrait de produire 11 millions de kilowatts, soit la consommation de 3000 foyers. Le début des ventes de l’électricité produite par l’initiative J Bio Fuel Recycle est prévu en août 2018. Le distributeur serait Urban Energy Corporation, une société affiliée à JFE Engineering.

JR East estime que cette collaboration devrait augmenter le taux de recyclage des déchets générés par l’activité de ses gares de 10%. Les deux partenaires à l’origine de cette initiative espèrent qu’elle servira d’exemple à Tokyo et dans d’autres grandes villes du Japon et encouragera le développement de projets du même type pour généraliser la pratique du recyclage des déchets et la production d’électricité à partir de « biogaz ».

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